Giuliano Da Empoli / Le mage du Kremlin
Vadim Baranov : l’éminence grise de Poutine
Depuis près d’un an maintenant, Vladimir Poutine est sans contredit l’homme le plus détesté de toute la planète.
Dans « Le mage du Kremlin », Giuliano Da Empoli nous invite dans les coulisses du Kremlin, derrière l’image. Derrière l’image de Vladimir Poutine telle que mise en scène par son éminence grise, Vadim Baranov, ancien metteur en scène et producteur de télévision, notamment d’émissions de télé-réalité.
Au fil de ses confidences, Baranov dresse un portrait pas toujours très flatteur de celui qu’on a surnommé le Tsar. Loup solitaire à la discipline spartiate, il rêve de redonner à la Russie son lustre d’antan.
Baranov aura orchestré et mis en scène la guerre en Tétchénie, les Jeux Olympiques de Sotchi et la guerre en Ukraine (le livre est paru au début de l’automne 2022). Il donnera sa démission à la fois par lassitude et par désintérêt.
C’est un magnifique roman, très bien écrit et qui fait preuve de beaucoup d’érudition. Les deux derniers chapitres sont saisissants : l’avant-dernier est glaçant et le tout dernier empreint de calme et de séréni
Éric Plamondon / Hongrie-Hollywood Express
Grandeurs et misères de Tarzan
Pour la plupart des gens, Johnny Weissmuller,c'est Tarzan avec son pagne, ses pectoraux huilés et son mystérieux cri dont l'origine a fait l'objet de beaucoup de spéculations.
Gabriel Rivages, le narrateur, raconte la vie du célèbre acteur - qui n'était pas un grand acteur - et qui connaîtra la gloire avant de sombrer dans l'oubli. Il aura connu cinq mariages, joué les manequins pour des maillots de bain à la piscine Molitor à Paris, animé de nombreux galas, et monté sur le podium olympique à cinq reprises.
Ce qui fait l'originalité de Hongrie-Hollywood-Express, c'est que l'histoire de Johnny Weissmuller est enclavée dans une série d'autres petit récits, un genre de patchwork. On y évoque les missiles de Cuba, William Buroughs, l'album Sergent's-peper des Beatles, Jack Kérouac, Hiroshima, le sirop d'érable, etc.
Pour en revenir à Johnny Weissmuller, il finira sa vie comme placier dans un restaurant de Las-Vegas. Il meurt en 1984, à l'âge de 80 ans.
C'est original et ça se lit très bien. Un peu déroutant au début.
Il s'agit d'une trilogie intitulée 1984 (référence à Orwell ?). Mayonnaise s'intéresse à l'écrivain Richard Brautigan et Pommes à Steve Jobs.
J'enchaîne. À suivre...
Clarenceville, 18 décembre 2022
Jude vit du BS tandis que Tess travaille au Subway à Grand-Mère. Un beau jour, ils décident de partir en voyage aux États-Unis dans une ville ou un village qui a le nom le plus weird. Après une longue recherche sur les toponymies les plus bizarres aux États-Unis - et il y en a - ils optent finalement pour Bird-in-Hand, une communauté Amish en Pennsylvanie.
Mais il faut d'abord s'acheter un char, renouveler son permis de conduire et surtout trouver de l'argent. Qu'à cela ne tienne. Une demande au Conseil des Arts du Canada sous un nom d'emprunt et les voici boursiers pour un premier roman et propriétaire d'une
Monte Carlo 2003. Si la vie était comme ça..
Jude et Tess sont des loosers sympatiques, proches cousins des personnages de Réjean Ducharme. La Monte Carlo jaune n'ira pas beaucoup plus loin que Shawinigan et le roman en restera à son titre de travail Document 1 attribué d'office par Microsoft.
Document 1, c'est un livre en train de s'écrire sur un livre qui ne s'écrira pas. C'est simple non!
Une belle découverte que ce livre de François Blais (1973-2022). Beaucoup d'humour et d'autodérision. J'ai adoré!
Drôle de hasard. Je viens de lire d'affilée deux livres dont les auteurs se sont suicidé.
Clarenceville, décembre 2022
Tristan Egolf (1971-2005)
J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour ces gens qui ont osé aller à contre-courant, briser les chaînes, surtout à une époque où on risquait beaucoup.
Jean-Charles Harvey, journaliste, polémiste, écrivain est de ceux-la. Il publie en 1934 ce roman controversé, Les demi-civilisés, qui lui coûtera son poste de journaliste au Soleil.
Que raconte ce roman si controversé et que certrains critiques n'ont pas hésité à considérer comme un roman clé de la littérature canadienne française. C'est l'histoire de Max Hubert, célibataire, libre penseur qui évolue dans les cercles intellectuels du Québec de l'entre-deux guerres. Il y est question d'amour, de sexualité, de liberté. Rien de vraiment sulfureux - on n'est pas chez Houellebecq ou Virginie Despentes - mais il en fallait peu à cette époque pour déclencher les foudres du clergé et de l'élite bien-pensante (les demi-civilisés) qui font d'ailleurs l'objet d'une critique bien sentie.
C'est aussi une belle histoire d'amour qui finit bien, un hommage à la nature et à la campagne - d'où l'auteur est issu - et une critique de cette société obscurantiste .
En mai 1945, Jean-Charles Harvey prononce une conférence à l'Institut démocratique canadien de Montréal sur le thème de la peur. Il y fustige l'emprise du cléricalisme sur la société canadienne-française. Ce texte précurseur entrera en résonnance avec le Le Refus Global des Automatistes en 1948, véritable cri de révolte. Àprès, ce sera la Révolution tranquille de 1960 avec le "Maître chez-nous" de Jean Lesage.
Un livre à lire si on veut comprendre le Québec de cette époque. Et il ne faut pas croire que tout le monde allait à la messe le dimanche, récitait le chapelet en famille et attendait le mariage avant de vivre pleinement sa sexualité.
Un livre vraiment d'avant-garde.
Clarenville, novembre 2022
Annie Ernaux / Passion simple
Une passion simple. Une histoire simple.
Annie Ernaux attend. Elle attend son amant. Elle ne pense qu'à lui. C'est une histoire pûrement sexuelle. Elle n'attend rien d'autre de lui que ces rencontres passionnelles. Elle l'a dans la peau. Il est marié. Il vient d'ailleurs... d'Europe de l'Est et vient
régulièrement à Paris par affaires.
Il ressemble à Alain Delon, dit-on de lui. Une façon de dire qu'il est bel homme. Il boit beaucoup. Elle est sans nouvelles et l'imagine avec une autre. Il revient à Paris et ils se voient pour une dernière fois.
-FIN-
C'est court (71 pages)... c'est du Annie Ernaux... je peux dire ça maintenant
Clarenceville, novembre 2022
Oscar Wilde / Le portrait de Dorian Gray
C'est un livre que je voulais lire depuis longtemps. On connait Oscar Wilde à cause de sa réputation sulfureuse, son exil forcé en France et sa mort prématurée à 46 ans.
Oscar Wilde aurait pu dire, à l'instar de Flaubert, Dorian Gray, dandy, séducteur, obsédé par la beauté et la peur du viellissement, à voile et à vapeur, c'est moi.
Quelle aventure que celle de Dorian Gray dont le portrait exécuté par le peintre Basil - qui est littéralement sous le charme de Gray - aura des conséquences tragiques sur son existence.
Son mentor, Lord Henry, est à lui seul un condensé de misogynie. Il est pourtant, en apparence, un homme à femmes, mais ses propos sur les femmes sont à faire hurler. Et pas besoin d'être une militante féministe. Il pourrait être un proche cousin de Palamède de Guermantes, le baron Charlus d'À la recherche du temps perdu.
D'ailleurs, l'univers des salons londoniens de la fin du XIXe siècle fréquentés par Lord Henry et Dorian Gray n'est pas sans rappeler celui des salons parisiens des Guermantes ou des Verdurin.
C'est un roman fascinant, extrêmement bien écrit.
Le portrait de Dorian Gray c'est un traité sur les vices, la vertu, le bien et le mal, l'hédonisme. C'est aussi un roman qui flirte avec le fantastique. Il y a deux Dorian Gray : celui du portrait qui vieillit au fil de ses vissicitudes et l'autre qui demeure éternellement jeune.
Il est probable que si Dorian Gray avait vécu à l'ère des réseaux sociaux, il aurait eu des milliers de followers sur ses comptes Twitter (à moins qu'Elon Musk en ait décidé autrement), Instagram et autres. Un peu comme le clan Kardashian.
Clarenceville, novembre 2022.
Joseph Kessel / Les mains du miracle
On a peine à croire l'histoire de cette relation entre le docteur Felix Kertsen et Henrich Himmler, tant elle a l'air invraisemblable.
Entre 1942 et 1945, Felix Kertsen, un médecin originaire de Finlande, grand spécialiste de la massothérapie, formé par les plus grands maîtres, sera le médecin officiel de Henrich Himmler, le seul capable de le guérir de ses maux chroniques.
Jusqu'ici, rien d'exceptionnel.
Ce qui l'est plus, c'est que Kertsen ait réussi à faire d'Himmler, le barbare et cruel numéro 2 du Reich, sa véritable marionnette .
Kertzen s'était rendu indispensable auprès du Reichfürher qui réclamait de plus en plus ses soins.
À coup de flatteries - Himmler a un ego démesuré- le médecin va réussir à faire libérer des milliers de prisonniers juifs, hollandais, scandinaves des griffes du régime nazi.
Trop beau pour être vrai? Pourtant, les documents historiques attestent de la véracité des faits. On a l'impression que le docteur pousse parfois sa luck au risque de sa vie et de celle de sa famille.
Bref, un épisode fascinant et pas si connu de la Seconde guerre mondiale et du régime nazi.
À lire absolument si on s'intéresse un tant soit peu à la petite histoire de la grande histoire.
Merci à Réal Arsenault de m'avoir fait connaître ce livre.
Clarenceville, novembre 2022.
John Fante / Mon chien stupide
Sa femme Harriet a renoncé à ses ambitions pour élever leurs quatre enfants. Rien ne va plus. Henry a la libido en berne. Il tient ses quatre enfants gâtés responsables des ses difficultés à écrire un nouveau roman. Bref, ils ne supportent plus leur progéniture.
Henry J.Molise, la cinquantaine, écrivain et scénariste, a connu le succès il y a bien des années. Depuis, il végète dans sa villa en Californie et gagne sa vie en écrivant des scénarios pour des séries télé médicores.
Un soir d'orage, un gros chien débarque chez-eux. Ce monstre à la fois attachant et insupportable viendra bouleverser la vie de la famille. On le prénommera Stupide. C'est un chien lididineux et homosexuel.
C'est un roman drôle et grave à la fois, parfois irrévérencieux mais qui fait réfléchir sur le temps qui passe, sur les rêves jamais réalisés.
Cependant la fin ressemble presque à un happy hend que je m'en voudrais de vous révéler.
John Fante (1909-1983) a exercé plusieurs petits métiers, a beaucoup voyagé - certains le considèrent comme le précurseur de la beat generation - avant de devenir scénariste et écrivain.
* Le roman a été adapté au cinéma par Yvan Attal en 2019 qui joue le rôle de l'écrivain avec Charlotte Gainsbourg.
Clarenceville, octobre 2022
Olivier Niquet / Les rois du silence
Ce que l'on peut apprendre des introvertis pour être un peu moins débiles et (peut-être) sauver le monde
Drôle de paradoxe.
Comment un introverti assumé peut-il faire une carrière dans les médias? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les introvertis et les extravertis (j'exagère un peu) trouvera peut-être réponse dans ce sympathique petit ouvrage d'Olivier Niquet : Les rois du silence.
Des grandes gueules, des gens qui parlent pour ne rien dire, il y en a beaucoup dans le paysage médiatique, ici comme ailleurs.
On sort de cette lecture avec la conviction que la société se porterait peut-être mieux S'il y avait plus d'introvertis que d'extravertis.
Olivier Niquer a parsemé son ouvrage d'anecdotes drôles, de références à des études scientifiques, certaines plus crédibles que d'autres.
Clarenceville, octobre 2022
Roland Barthes / Cy Twombly
À écouter en lisant Olivier Niquet : The Sound of Silence par Simon & Garfunkel ou encore la très belle version du groupe électro américain The Chromatics.
" À travers l'oeuvre de TW,* les germes d'écriture vont de la plus grande rareté jusqu'à la multiplication folle: c'est comme un prurit graphique. Dans sa tendance, l'écriture devient alors culture.Quand l'écriture presse,éclate, se pousse vers les marges elle rejoint l'idée du Livre. Le livre qui est virtuellement présent dans l'oeuvre de TW, c'est le vieux Livre, le Livre annoté : une parole surajoutée envahit les marges, les interlignes : c'est la glose." * Barthes utilise TW pour Cy Twombly.
Roland Barthes / Cy Twombly
C'est simple à comprendre. NON?
C'est tout Roland Barthes. Une écriture si érudite qu'elle en devient difficile à lire. Il décrypte le rapport de Twombly à l'écriture, à la calligraphie japonaise, à la sculpture grecque, au corps, avec une charge presque érotique. À nous maintenant de décrypter son écriture. Son analyse sur le corps est un pur exercice de style - un peu vain - à mon humble avis -, et surtout pas facile à saisir d'emblée. Mais là n'est pas son but.
" Le trait - tout trait inscrit sur la feuille - dénie le corps important, le corps charnu, le corps humoral; le trait ne donne accès ni à la peau ni aux muqueuses; ce qu'il dit, c'est le corps en tant qu'il griffe, effleure (on peut aller jusqu'à dire : chatouille) ; par le trait, l'art se déplace; son foyer n'est plus l'objet du désir (le beau corps figé dans le marbre) mais le sujet de ce désir: le trait si souple, léger ou incertain soit-il, renvoie à une force, à une direction; c'est un energon, un travail, qui donne à lire la trace de sa pulsion et de sa dépense. Le trait est une action visible.
Et ce n'est qu'un extrait.
Ce petit livre ne fait - heureusement - que 63 pages. Au final, l'analyse de Barthes n'aura pas changé ma vision des oeuvres de Twombly. J'aime ses griffonages flamboyants, ses spots de couleurs qui semblent lancés aléatoirement. Tout bêtement, je trouve ça beau. Et en particulier " Les Quatre saisons ". Je ne suis pas sûr que Twombly - qui était américain de surcroît - aurait tout compris à l'exégèse de son oeuvre.
Mais ça m'a fait quand même tout drôle de replonger dans l'écriture de Barthes. J'ai du mal à m'imaginer avoir fait lire à mes étudiants à l'Université de Montréal (c'était en 1988-89), " Le degré zéro de l'écriture" auquel il fait d'ailleurs référence dans son analyse de Twombly.
Je suis loin d'avoir tout compris. Mais je me suis laissé bercer par la musicalité de ses phrases...même si c'est parfois agaçant.
Ce n'est vraiment pas un livre à mettre entre toutes les mains. Je ne sais pas au juste quel genre d'avertissement il faudrait présiser.🤭 La modération a bien meilleur goût? À consommer à petites doses? Cours de sémiologie requis?
Clarenceville, octobre 2022
Annie Ernaux / La Place (1983)
Tristan Egolf est né en 1971. Son père est une star du football américain qui se reconvertira en journaliste sportif. Sa mère est artiste peintre
". Son premier roman, " Le seigneur des porcheries " sera refusé par plusieurs éditeurs. Il se retrouve à Paris dans la mi-vingtaine et fait la rencontre de Marie Modiano qui, fasciné par son roman, le présente à son père qui n’est rien de moins que Patrick Modiano et qui se trouve être éditeur chez Gallimard. Le livre est publié et connaîtra un grand succès d’estime. On a parlé de chef-d’oeuvre et plusieurs l’ont comparé à William Faulkner, notamment « Le bruit et la fureur ». Tristan Egolf s’enlèvera la vie quelques années plus tard en Pensylvanie. Une balle dans la tête. Il avait tout juste 34 ans.
John Kaltenbrunner est un mésadapté social. Il sera élevé par sa mère, son père étant mort dans un accident. À l’âge de neuf ans, il s’occupe de restaurer la ferme famiale en décrépitude, se met à l’élevage de poulets. Il est un cancre à l’école qu’il fréquente en dilettante parce que sa mère l’y oblige.
Après la mort de sa mère, il continuera à s’enfoncer dans la marginalité et se retrouvera en prison. Par la suite, il cumulera les emplois les plus sordides : chasseur de rats dans les égoûts de la ville, coupeur de têtes dans un abattoir de dindes à l’approche de la Tanksgiving (à vous donner envie de courir acheter une dinde bien élevée en liberté pour le réveillon des Fêtes) pour finir éboueur dans la petite ville de Baker. Baker c’est un bled miteux au coeur de la Corn Belt.
Le grand intérêt du livre c’est la description de cette petite société bigote, raciste rongée par l’alcoolisme, l’inceste et la violence sous toutes ses formes. C’est l’Amérique profonde dans tout ce qu’elle a de plus vulgaire, de plus réactionnaire et d’inculte.
La grève des éboueurs qui durera plusieurs mois aura des conséquences dévastatrices sur la ville de Baker. Jamais on aura lu des descriptions aussi délirantes des immondices qui jonchent la ville, des invasions de rats, de coyottes et de chiens sauvages.
Le roman se termine par la description d’un match de volleyball mettant aux prises les Faucons et les Pumas, l’équipe locale de Baker. On se tape dessus, on s’étripe, on met le feu, on se vengedes ébouer egrève. Un véritable délire apocalyptique
C’est dense, c’est glauque, c’est long (608 pages), ce n’est pas reposant. Mais c’est drôlement bien écrit et d’une intensité rare.
Le père d'Annie Ernaux est mort en 1967 à 68 ans. La place (1983) retrace l'histoire de ce père aux origines modestes, ancien ouvrier et tenancier d'un bar épicerie à Yvetot, en Normandie.
Tout le récit porte le poids de ses origines modestes, de cette appartenance à la classe des petits ouvriers, des petites gens. Annie Ernaux évoque la gêne, la honte de son père, homme de peu de mots qui s'exprime dans un langage qu'elle juge limité. Elle se sent constamment en décalage par rapport à ses amis issus de milieux plus aisés. Une gêne, une honte pas tant reliée à l'argent mais à la pauvreté de la langue, dira-t-elle souvent en entrevue.
Autant elle cherche à s'élever au dessus de sa condition par la lecture, les études, le mariage, autant son père semble se contenter de peu. C'est le concept de transfuge de classe proposé par la philosophe Chantal Jaquet et analysé et "popularisé " par le sociologue Pierre Bourdieu, notamment dans Les Héritiers (1966).
C'est un récit qui rend parfois mal à l'aise par son style dépouillé, son ton froid, presque clinique. Peu d'amour ou d'affection traverse ce récit. Pourtant son père semblait fière d'elle et de sa réussite.
Clarenceville, octobre 2022
Annie Ernaux / Les années
J'ai été surpris et perplexe à l'annonce de l'attribution du Prix Nobel de littérature à Annie Ernaux. Gigi m'a lancé un ultimatum : interdiction de pérorer sur Annie Ernaux sans au moins avoir lu un ou deux de ses livres.
J'ai fait mes devoirs. Je viens de terminer Les années paru en 2008. C'est ce livre qui lui a permis d'agrandir son lectorat et qui en a fait une autrice mieux connue du grand public.
J'ai tout d'abord été déstabilisé par son écriture froide, désincarnée. J'ai failli laisser tomber. Et puis, au fil des pages, j'ai embarqué dans son récit et mieux saisi sa structure.
C'est un survol très habile des années quarante jusqu'à 2008. On l'a souvent dit, c'est un véritable roman sociologique. Les changements technologiques, l'évolution de la sexualité, Mai 68, la littérature, le cinéma, rien n'est oublié.
À travers cet inventaire sociologique, Annie Ernaux, à partir de son album-photos, intercale sa propre histoire - écrite à la troisième personne - au fil des années. Au final, j'ai bien aimé cette distanciation voulue par l'auteure.
Voilà ! Comme Les années n'est peut-être pas représentatif de l'ensemble de son oeuvre, je vais lire - à la suggestion de Gigi - Les armoires vides (1974) et La Place (1983).
Après ça, je pourrai enfin discourir sur Annie Ernaux...🤪.. et peut-être en dire du bien.
Clarenceville, octobre 2022
Paul Auster / Burning Boy . Vie et oeuvre de Stephen Crane
En cours de lecture.... C'est un livre qui fait 900 pages. C'est une lecture exigente.... Donc, j'y vais par sections et je m'autorise à intercaler d'autres lectures. Mais je lâche pas...
À suivre...
Jérôme Ferrari / Le sermon sur la chute de Rome
Jérôme Ferrari n'a pas choisi la facilité pour raconter l'histoire de Matthieu et Libero, étudiants en philosophie à Paris et sensibles aux enseignements de Leibniz (lui-même influencé par les écrits de Saint-Augustin), qui décident de tout plaquer pour retourner au pays - la Corse - gérer un bistro en décrépitude.
Ils espèrent en faire un endroit idyllique, le meilleur des mondes possibles.
Mais le désenchantement fera vite place à la galvanisation des débuts. Le retour au pays sera l'occasion de rouvrir d'anciennes blessures familiales, des conflits larvés.
Et ce lieu idyllique rêvé par nos deux idéalistes deviendra rapidement un véritable enfer. Clientèle louche, trahisons, drogue .
La mise en résonnace de cette histoire avec le Sermon sur la chute de Rome d'Augustin d'Hippome - Saint Augustin - même si elle semble hermétique en premier lieu met tout de même en évidence ''la tragique propension de l'âme humaine à se corrompre''.
Malgré un récit parfois difficile à suivre dans sa chronologie, Le sermon sur la chute de Rome est un roman très bien écrit qui nous fait réfléchir sur la fragilité des choses et sur l’impossible rêve d’un monde sans aspérité.
Paris, septembre 2022
Éric Plamondon / Mayonnaise (T.2 /1984)
Ce deuxième récit de la trilogie 1984 commence par une recette de mayonnaise. C'est aussi le titre du livre.
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Éric Plamondon / Mayonnaise
lu-vu-entendu : livres, musiques, films et photos
Julesetleslivres.com / Merci à Gigi pour l'idée de mise en photos des livres. Pour les commentaires sur «À la recherche du temps perdu», voir sous la rubrique MARCEL PROUST.