Jean Echenoz / Vie de Gérard Fulmard /Éditions de Minuit 2020
La vie fictive de Gérard Fulmard valait-elle la peine d'être racontée?
Sous la plume singulière de Jean Echenoz, certainement.
Gérard Fulmard est un ancien stewart qui a été congédié suite à un incident survenu sur un vol Paris-Zurich dont on ne saura jamais rien. Depuis ce temps, il consulte régulièrement un drôle de médecin vaguement psy, s'essaie au métier de détective. Bref, il végète.
De fil en aiguille, il deviendra homme de main à la FPI un petit parti politique mineur où se jouent tout de même des enjeux de pouvoir assez acérés.
À l'instar de Patrick Modiano, les lieux deviennent souvent des personnages. Ici, il est beaucoup question de la rue Erlanger où habite Fulmard.
Ce n'est pas sans raison qu'il chosi cette rue du XVIe arrondissement de Paris qui a été le théâtre d'événements dramatiques. En 1975, le chanteur Mike Brant s'est suicidé en se jetant du quinzième étage de son immeuble; en 1981, l'affaire scabreuse du canibale japonais, un étudiant en littérature à la Sorbonne, qui a tué, dépecé et mangé sur cinq jours une jeune étudiante qu'il avait invitée chez-lui, a défrayé la chronique. Enfin, en février 2019, un violent incendie qui a fait 10 morts et 34 blessés a ravagé un immeuble de la rue Erlanger dans le même secteur.
On comprend que tout ça ajoute au côté glauque du personnage.
Bref, c'est très bien documenté et brillamment écrit comme toujours chez Echenoz.
Il faut lire aussi Je m'en vais (1999), Jérome Lindon (2001) Ravel (2006), Courir (2008), Des éclairs (2011) et tous ses autres livres. Toujours aux Éditions de Minuit.
Albert Camus / La peste (1947)
La Peste de Camus publié en 1947 est une lecture tout à fait d'actualité par les temps qui courent.
En fait c'est l'excellent animateur de La Grande Librairie, François Busnel, qui en avait fait la suggestion au début de la pandémie.
Au début des années 40, la ville d'Oran est le théâtre d'une épidémie de peste qui entraîne la mort de milliers de personnes. Au début, des milliers de rats morts sont trouvés quotidiennement dans la ville. Par la suite, la ville sera mise en confinement pendant plusieurs mois.
J'ai trouvé cette histoire assez troublante dans la mesure où les comportements relatés par le narrateur s'apparentent assez aux comportements actuels face à la Covid-19 : déni de la situation, achats compulsifs, délation, etc.
La Peste de Camus parle de résilience, de dévouement, notamment à travers le personnage du docteur Rieux. C'est un roman philosophique, une réflexion sur la condition humaine.
Est-ce bien nécessaire d'en rajouter en ces temps déjà assez difficiles?
Oui, car cest une lecture éclairante dans la mesure où elle nous permet de constater à quel point les grands archétypes du comportement humain sont presque immuables à travers le temps.
De plus, il est intéressant de constater à quel point le personnage du docteur Rieux dans La Peste est à l'opposé de celui de Meursault dans l'Étranger.
À lire ou relire...sûrement!
19 mai 2020
Jonathan Coe / la vie très privée de Mr Sim (2010)
Il arrive parfois qu'on ait envie de lire quelque chose de pas compliqué mais d'intelligent et de drôle à la fois. Dans ces cas-la, je pense à certains auteurs anglais que j'aime bien, notamment David Lodge, Ton Sharpe ou Jonathan Coe.
Je viens tout juste de terminer La vie très privée de Mr Sim de Jonathan Coe qui répond tout à fait à ces critères.
Maxwell Swim a 48 ans. Sa femme Caroline vient de le quitter et est partie vivre avec leur fille Lucy dans le nord de l'Angleterre.
Déprimé, en arrêt de travail, il reçoit une proposition inattendue : traverser l'Angleterre au volant d'une Toyota Prius doté d'un GPS pour faire la promotion de brosses à dents écologiques.
Ce road trip sera l'occasion de revenir sur son passé. Il tombera amoureux de la voix du GPS qu'il prénommera Emma tout en demeurant obsédé par une Chinoise et sa jeune fille entrevues dans un bar à Sydney où il est allé voir son père à la suite de sa séparation.
Maxwell Sim incarne le type du parfait loser. Il ira de déception en déception jusqu'à ce qu'il réalise qu'il n'a même pas d'existence réelle.
Je vous laisse la-dessus. Je ne veux pas brûler le punch.
Tahar Bel Jelloun / La soudure fraternelle (1994)
Ce petit ouvrage (tout juste 127 pages) de Tahar Bel Jelloun traite de l'amitié en parlant bien sûr aussi de l'amour.
Il y est question de ses amis mais aussi de l'amitié en général. Une réflexion sur les amis indéfectibles, sur ceux qu'on a perdus, sur ceux qu'on croyait des amis.
Une lecture très à propos en ces temps propices aux bilans.
C'est une écriture simple (surtout quand on sort de la lecture de Guermantes cf. rubrique Proust) et limpide empreinte de sagesse. J'ai beaucoup aimé.
25 avril 2020
Derniers commentaires
02.11 | 01:39
Je crois que j'aurais pu partager quelques lignes de tes paragraphe.
Belle œuvre. Bravo!
28.06 | 13:29
28.06 | 02:04
Riche idée
Début costaud pour 2022.Moi,j’ai débuté plus léger.J’ai bien aimé La menthe et le cumin ,récit réconfortant de souvenirs sur la cuisine familiale de ses parents immigrants de Pascale Navarro
19.01 | 22:56
Partagez cette page
lu-vu-entendu : livres, musiques, films et photos
Julesetleslivres.com / Merci à Gigi pour l'idée de mise en photos des livres. Pour les commentaires sur «À la recherche du temps perdu», voir sous la rubrique MARCEL PROUST.