Printemps 2022

Lectures

Tommaso Melilli / L'écume des pâtes

Tommaso Melilli / L'écume des pâtes

Tommaso Melilli / L'écume des pâtes

Tommaso Melilli

Tommaso Melilli

L'écume des pâtes

Tout de suite, le titre nous fait penser au roman le plus connu de Boris Vian. Pas étonnant. Tommaso Melilli est parti d'Italie pour venir étudier la littérature à Paris. Toutefois son projet va vite basculer vers la restauration.

Après avoir été chef restaurateur à Paris, il retourne en Italie, toujours dans le domaine de la restauration. Ce petit livre est un traité, sans prétention, de la cuisine italienne qu'il se plait à comparer avec la cuisine française.

C'est aussi une réflexion sur les métiers de la restauration, sur les différents mouvements qui ont marqué la gastronomie des dernières décennies incluant  le slow food.

C'est une sorte de journal d'un passionné de cuisine et de tout ce qui l'entoure.

Amusant, sans prétention. Oui ça vaut la peine si on aime cuisiner.

20-06-22

Michel-Olivier Gasse / Histoires analogues

Histoires analogues / Michel-Olivier Gasse

Histoires analogues / Michel-Olivier Gasse

Histoires analogues

Michel-Olivier Gasse est musicien, bassiste, un peu écrivain et grand collectionneur de disques qu'il glane un peu partout au fil des ses déplacements.

«Histoires analogues» c'est une vingtaine de courts récits qui font référence à un disque en particulier. Ce sont essentiellement des histoires du quotidien - sa vie de disquaire, de musicien, de jeune père de famille -  certaines plus réussies que d'autres.

Je connaissais certains de ces disques, d'autres pas. J'ai donc téléchargé la plupart de ceux dont il fait mention. Parmi les découvertes intéressantes, l'album de David Sylvian «Dead Bees on a Cake» qui date de 1999 et que j'écoute en ce moment. J'y ai aussi appris la déchéance et  la fin  tragique du bassiste Jaco Pastorius mort à 36 ans en 1987.

La préface signée par Louis-José Houde est une véritable ode au microsillon et à la table tournante.

Un petit livre qui vaut la peine qu'on y consacre quelques heures...surtout si on aime la musique.

15 juin 2022

J.D salinger / L'attrape-coeurs

L'attrape-coeurs / J.D. Salinger

L'attrape-coeurs / J.D. Salinger

J.D. Salinger

J.D. Salinger

L'attrape-coeurs

Il y aurait autant à dire sur le mythe entourant  J.D. Salinger et le destin de ce célébrissime roman paru en 1951 sous le titre original The Catcher in the Rye que sur le roman lui-même.

C'est un des romans américains qui s'est le plus vendu à travers le monde. C'est le roman le plus cité dans d'autres romans, dans des films ou des chansons. Dans un registre plus glauque, l'assassin de John Lennon, Mark David Chapman, était en train de lire The catcher in the Rye en attendant Lennon à sa résidence le Dakota, à New-York, le 8 décembre 1980.

J.D. Salinger est l'équivalent américain de notre Réjean Ducharme. Suite au succès de L'attrape-coeurs, il a quitté New-York pour le New-Hampshire où il a vécu à l'abri des médias, presque en ermite.

Il faudrait bien parler de L'attrape-coeurs.  C'est tout simplement l'histoire des trois jours d'errance à New-York d'un  adolescent, Holden Caulfield, renvoyé de son collège et qui hésite à rentrer chez ses parents  pour les vacances de Noël. La grande question existentielle qui taraude notre héros à savoir où vont les canards de Central Park en hiver lorsque l'étang est gelé a fait le tour du monde.

Dans ce roman écrit à la première personne, Caufield fait le bilan de sa jeune vie. Éternel insatisfait, il a de la difficulté à trouver sa place. Il pense à son jeune frère Albie, mort tragiquement et à sa jeune soeur Phoebé qu'il adore. Il rêve de tout planquer et de partir en stop sur la côte ouest, trouver du travail et se construire une cabane et de vivre en ermite.

Holden Caufield est un personnage à multiples facettes,  la fois attachant et dérangeant.

Si vous vous intéressez au mythe Salinger, il faut voir le film de Philippe Falardeau, My Salinger Year.

11 juin 2022

Lawrence Durell / Le quatuor d'Alexandrie

1. Justine

Le Quatuor d'Alexandrie

Le Quatuor d'Alexandrie

Lawrence Durell (1912-1990)

Lawrence Durell (1912-1990)

Le quatuor d'Alexandrie : Justine/ Balthazar / Mountolive /Cléa

Il y a des livres qui restent gravés dans notre mémoire. «Le Quatuor d'Alexandrie» de Lawrence Durell fait partie de ceux-ci. Gigi me l'avait offert en juillet 1977 (c'est écrit sur la première page) et je me souviens avoir dévoré cette brique jaune de 1027 pages. Je m'étais dit que je le relirais un jour.

Je viens de terminer la lecture de «Justine», le premier volume du quatuor. La magie opère toujours après plus de 45 ans.  Bien sûr, dans ce premier volet, Justine est au coeur de l'histoire. Justine l'amoureuse, l'inaccessible, l'évanescente tiraillée entre son mari Nessim et son amant, le jeune professeur d'anglais, qui pourrait bien être Lawrence Durell lui-même. Il y a aussi Melissa, la danseuse, la prostituée, que le narrateur prendra sous son aile avant qu'elle ne devienne la maîtresse de Nessim.

Tous ces exilés se retrouvent dans un véritable chassé-croisé dans l'Alexandrie de l'entre-deux guerres avec une histoire d'espionnage en toile de fond. Melissa épuisée par la vie mourra à la suite d'une longue maladie tandis que Justine quittera soudainement  Alexandrie pour aller travailler dans un kibboutz en Israël.

C'est un grand roman. C'est un véritable traité des sentiments humains. C'est un grand roman d'amour. De l'amour fou. De l'amour qui tue. De l'amour impossible.

Inutile de rajouter que c'est magnifiquement écrit.

George Cukor a adapté Justine au cinéma en 1969. Malgré un casting d'époque impressionnant - Anouk Aimée (Justine), Anna Karina (Melissa), Micheal York (le narrateur), Dirk Bogart  (Pursewarden), Philippe Noiret (Pombal) - , le film n'arrive pas à traduire toute la richesse du roman.

Bien sûr, je continue. Après une pause, j'enchaînerai avec Balthazar.

3 juin 2022

Haruki Murakami / Profession écrivain

Haruki Murakami / Profession écrivain

Haruki Murakami / Profession écrivain

Haruki Murakami

Haruki Murakami

Un grand écrivain modeste

Je suis un homme tout ce qu'il y a de plus ordinaire se plaît à dire Murakami dans Profession écrivain, une série de texte parus originalement dans la revue Monkey Business.

N'empêche qu'il est un des écrivains les plus lus au Japon en plus d'être traduit dans 50 pays. Dans ces petits textes, il parle de son métier d'écrivain, de ses techniques d'écriture et de son mode de vie.

Celui qui ne se décrit pas comme un intellectuel, tente de mettre à profit cette maxime «un esprit sain dans un corps sain». Depuis plus de trente cinq ans, il pratique le course en solitaire, tous jours, beau temps, mauvais temps, hiver comme été en plus de participer à des marathons.

Écrire pour Murakami n'a rien de douloureux, au contraire c'est jubilatoire. Pour lui le mythe de l'écrivain tourmenté, qui se psychanalyse et s'analyse par l'écriture est à vingt mille lieues de l'image qu'il se fait d'un écrivain. Je l'imagine  mal débattre avec Christine Angot à La grande librairie. D'autant plus qu'il fuit les journalistes et le milieu littéraire en général.

Il ne propose surtout pas de recettes d'écriture. Sa démarche est singulière. La seule leçon que l'on peut tirer de ces textes c'est qu'écrire est un plaisir et que quand on a la chance , comme lui, de vivre de sa plume c'est un véritable privilège.

En terminant la lecture, on a envie de relire un Murakami. J'hésite entre Kafka sur le rivage qui me l'a fait découvrir ou Chroniques de l'oiseau à ressorts.

18-05-2022

David Goudreault / Ta mort à moi

David Goudreault / Ta mort à moi

David Goudreault / Ta mort à moi

David Goudreault

David Goudreault

Vie et mort d'une poétesse de Saint-Ephrem-Station

Sacré personnage que  cette Marie-Maude Pranesh-Lopez qui emprunte à la fois à  Bérénice de L'avalée des avalés de Réjean Ducharme et à Lisbeth Salender de la trilogie Millénium de Steig Larsen.

N'allez surtout pas croire qu'il s'agit d'une imitation des ces deux personnages. C'est beaucoup plus que ça. Je dirai d'emblée que j'ai été absolument époustouflé, charmé, étonné, ravi par ce roman à la structure inclassable. C'est un récit dans le récit, un journal.

Je ne vais pas tout vous raconter au risque de gâcher votre plaisir. Disons que Marie-Maude Pranesh-Lopez, comme son patronyme l'indique,  est issue d'une métissage latino-indien. C'est une grande poétesse qui connaîtra un destin à la Rimbaud.  Elle fera du trafic d'armes avec la  mafia laotienne avant de revenir à Montréal où elle accueillera   tout ce que la ville comporte de  mal en point dans sa grande maison du Mile End. Il faut préciser que ses droits d'auteur -  son oeuvre est traduite partout dans le monde- ajoutés à ses revenus mafieux font en sorte qu'elle est indépendante de fortune.

Tous les personnages de Ta mort à moi sont à la hauteur du récit. Dolorès, sa mère, (la douloureuse) ne s'est jamais remise de la mort de son jeune fils Victor-Hugo. Elle promène son deuil sur l'autoroute avec comme seul plaisir de provoquer des embouteillages monstres. Son père, Abhijat Pranesh, a définitivement sombré dans la mystique hindoue.

C'est un roman truffé de références, de la Factory d'Andy Warhol,  à Robert Charlebois en passant par Réjean Ducharme, Marguerite Yourcenar, Balzac et Jean d'Ormesson. C'est brillant, jubilatoire, déjanté et très intelligent. C'est à la fois international et bien ancré dans la culture québécoise. Précisons que la famille Parnesh-Lopez est originaire de Saint-Ephrem-Station en Beauce.

Je terminerai en citant cette phrase que je trouve très drôle et qui illustre bien l'esprit caustique de la grande poétesse beauceronne parlant du printemps érable en 2012 : « pas de quoi remplir un fond de canisse de changement social avec la sève claire du printemps érable. Au Québec, même les révolutions sont dociles, très tranquilles.»

Si avec tout ça, vous n'avez pas envie de courir à la librairie ou à la bibliothèque, je ne sais plus quoi rajouter.

11-05-2022

Milena Agus / Terres promises

Milena Agus / Terres promises

Milena Agus / Terres promises

Milena Agus

Milena Agus

Terres promises

C'est un joli roman, c'est une belle histoire. Comme dans la chanson de... je ne sais plus trop qui.

Dans ce roman de Milena Agus, tous les personnages sont  à la recherche de la terre promise. Pour Raffaele, revenu en Sardaigne après la guerre, ce sera Milan. Sa jeune femme Esther n'est bien nulle part. Elle a le mal du pays alors qu'elle voulait le quitter à tout prix. Retour en Sardaigne, donc.

C'est là que naitra leur fille Felicita qui donnera naissance à Gregorio, un drôle de petit garçon né d'une liaison  singulière avec Pietro Maria, un personnage non moins singulier. Gregorio, doué pour le piano,  trouvera sa terre promise à New-York.

Quant à Felicita, elle trouvera sa terre promise en Gabriele un homme bon,  meurtri par la vie.

C'est vraiment ce qu'on pourrait appeler un «feel good book».

4 mai 2022

Ben Lerner / Au départ d'Atocha

Ben Lerner / Au départ d'Atocha

Ben Lerner / Au départ d'Atocha

Ben Lerner

Ben Lerner

Errances madrilènes

Atocha, c'est la gare centrale de Madrid. J'ai découvert ce petit livre en bouquinant dans une librairie du Plateau Mont-Royal. Je ne connaissais pas l'auteur. Ce qui a suscité ma curiosité est ce commentaire  en quatrième de couverture : «Le héros de Ben Lerner restera un personnage inoubliable, une voix incontestablement singulière.» ET quand c'est Paul Auster qui le dit...

Ainsi donc, Adam Gordon est un jeune poète américain , boursier en résidence d'écriture à Madrid. En fait, il écrit peu préférant draguer Isabel et Teresa. Il fume beaucoup, prend des anxiolytiques, lit et déambule dans la ville.

Il porte un regard désabusé sur les choses, s'invente des histoires pour attirer l'attention. Sa mère est morte et son père est un fasciste notoire, ce qui est complètement faux.

Sa léthargie sera secouée par les attentats terroristes à la gare d'Atocha le 11 mars 2004.

Un personnage pas très sympathique au final. Mais le roman flotte dans une douce nonchalance et on se plaît à déambuler dans les rues et les parc madrilènes au printemps.

Un personnage inoubliable...je ne suis pas sûr.

28-04-2022

Toni Morrison / Beloved

Toni Morrison / Beloved

Toni Morrison / Beloved

Toni Morrison (1931-2019)

Toni Morrison (1931-2019)

Beloved

Rarement une lecture ne m'aura donné autant de fil à retordre.

Ce grand roman sur la violence et l'horreur de l'esclavage, gagnant du Prix Pulitzer en 1988 n'est pas facile à lire. Il faut le dire d'emblée.

J'ai failli laisser tomber à plusieurs reprises. Cette écriture métaphorique ne fait pas la partie facile au lecteur. J'ai eu beaucoup de difficulté à comprendre la filiation des personnages. C'est un récit très déconstruit. Ce recours à l'écriture métaphorique est sans doute une façon d'aténuer les horreurs de l'esclavagisme.

Tout repose sur Beloved, l'enfant sacrifiée et son fantôme, ainsi que sa mère Sethe.

C'est une oeuvre difficile d'accès comme l'Ulysse de Joyce, comme Le bruit et la fureur de Faulkner. Deux livres que je n'ai d'ailleurs jamais réussi à lire au complet.

Drôle de sensation. Je suis content d'avoir terminé la lecture de Beloved mais je demeure très dubitatif.  Je lirai sûrement un autre Toni Morisson pour comparer.

Réflexion: pourquoi se sent-on toujours un peu béotien  quand on n'a pas trop apprécié une oeuvre considérée comme un chef-d'oeuvre? Au fait, qu'est-ce qu'un chef-d'oeuvre?

21-04-2022

Christophe Boltanski / la cache

Christophe Boltanski / La cache

Christophe Boltanski / La cache

Christophe Boltanski

Christophe Boltanski

Le clan Boltanski... état des lieux

Christophe Boltanski est journaliste et grand reporter. Il a notamment travaillé au quotidien Libération.

Dans «La cache», paru en 2015, il retrace l'histoire de sa drôle de famille. La cache, c'est justement cette pièce - si on peut dire - située dans l'entre deux de la maison familiale, rue de Grenelle dans le 7e arrondissement de Paris. C'est là que son grand-père Étienne Boltanski, médecin juif d'origine ukrainienne, passera une grande partie de son temps durant l'Occupation.

Cetta saga familiale est fascinante. Le clan Boltanski est dirigé d'une main de fer  par l'excentrique grand-mère - qu'il appelle mère-grand - , Marie-Élise Illari-Guérin devenue écrivaine sous le pseudonyme d'Annie Lauran.

La fratrie est composée de Luc Boltanski, sociologue, le père de l'auteur, de Jean-Élie Boltanski , linguiste, et de Christian Boltanski, l'artiste multidisciplinaire et plasticien bien connu.

Le clan vivra une vie de bohème dans cette maison qui occupe une place très importante dans le récit. Le titre de chaque chapitre comprend le nom d'une pièce de la maison auquel s'ajoute un croquis de la pièce en question. Au dernier chapitre,  le plan d'ensemble est complet. C'est très habilement fait.

Il faut dire que cette maison est en soi un personnage, un peu comme dans «La vie mode d'emploi» de George Pérec.

La famille Boltanski est oridinaire d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, ce qui ajoute une touche d'actualité à ce brillant récit familial.

Une très belle découverte.

8 avril 2022

Haruki Murakami / Abandonner un chat. Souvenirs de mon père

Haruki Murakami et son chat

Haruki Murakami et son chat

Murakami / Abandonner un chat (2020)

Murakami / Abandonner un chat (2020)

Souvenirs de mon père

Ceux qui prennent la peine de consulter mon site savent que j'adore les chats et que Haruki Murakami compte parmi mes auteurs préférés.

Donc, normal que je me sois précipité sur ce petit livre qui vient tout juste de paraître. Je l'ai reçu hier et je l'ai déjà terminé. C'est un tout petit livre, 80 pages, avec de très belles illustrations d'Emiliano Ponzi.

Pour parler de son père, Murakami est parti d'un souvenir d'enfance relié à un chat.  Il a toujours vécu et vit encore entouré de chats . Lorsqu'il avait 8 ans, il se souvient avoir été avec son père déposer - abandonner- dans une boîte sur la plage  la chatte de la maison. Il ne sait pas pourquoi son père avait pris cette décision, sinon que la maison était petite et il pensait que la chatte attendait des  chatons. Le petit Murakami était très triste. Toujours est-il qu'au retour à la maison,  la chatte les avait devancés  et les attendait à la porte. Son père a bien sûr décidé de la garder.

Il parle de son père avec déférence malgré une relation asssez difficile. Ils seront près de vingt ans sans se voir. Il est mort en 2017, à 90 ans. Son père, poète, spécialiste des haïkus avait été marqué par la guerre où il avait  dû s'enrôler par obligation.

C'est un bel hommage doux amer à ce père qu'il a finalement peu connu. Murakami, qui était fils unique,  s'interroge sur les hasards de la vie, dont  la rencontre entre son père et sa mère.

Ce court récit se termine sur un autre souvenir de chat. Un soir le jeune Murakami a vu un chaton blanc grimper au sommet d'un grand pin dans le jardin. C'est bien connu, les chats savent grimper mais difficilement redescendre. Le chaton miaulait, voulant sortir de là. L'arbre étant très haut, son père n'a pu résussir à le faire descendre. Le lendemain, il a tenté de le chercher, en vain. Il s'est toujours demandé s'il était mort au sommet de l'immense pin où s'il avait réussi à retomber sur ses pattes.

C'est un grand petit livre. Et c'est magnifiquement illustré.

30-03-2022

Michel Jean / Kukum

Michel Jean / Kukum

Michel Jean / Kukum

Michel Jean

Michel Jean

Kukum

Kukum, qui signifie grand-mère, raconte la touchante histoire d'Almanda Siméon, l'arrière grand mère de l'écrivain et journaliste Michel Jean.

Ce récit raconté à la première personne retrace le parcours de cette orpheline partie d'Irlande et qui, par amour pour Thomas, partagera la vie des Innus de Pekuakami.

C'est une sorte de journal qui s'égrène au fil des saisons, au fil des années. Almanda est une battante. Elle sera une véritable ambassadrice des droits des Innus, allant jusqu'à occuper le bureau du premier ministre Duplessis jusqu'à ce qu'il la reçoive.

On assiste bien sûr à leur sédentarisation forcée imposée par les Blancs. La coupe à blanc, l'arrivée du train, les expropriations, et enfin l'arrivée sauvage des prêtres venus enlever les enfants pour les envoyer dans les pensionnats catholiques auront contribué à la perte de liberté et d'autonomie des Innus. On connaît bien les conséquences de ce déracinement.

Ce  véritable best-seller - et ce n'est pas du tout péjoratif, au contraire - nous fait prendre conscience du drame qu'ont vécu les communautés autochtones.

C'est une très belle  écriture poétique. C'est extrêmement touchant! Et un grand succès bien mérité.

À lire si ce n'est pas déjà fait...

30-03-2022

Jean-Louis Gauthier / Paul-Émile Borduas. Dernières années à Paris

Paul-Émile Borduas / Dernières années à Paris

Paul-Émile Borduas / Dernières années à Paris

Paul-Émile Borduas

Paul-Émile Borduas

Paul-Émile Borduas. Dernières années à Paris

Paul-Émile Borduas, chef de file des Automatistes, maître des Riopelle, Ferron, Gauvreau, Mousseau, aura payé cher la parution du Refus Global en 1948, dans le Québec de la grande noirceur duplessiste.

Après son congédiement de l'École du meuble, où il est professeur, il choisira l'exil. D'abord à New-York, ensuite à Paris où il demeurera de 1955 jusqu'à sa mort en février 1960.

Cette biographie de Jean-Louis Gauthier parue en 2001 retrace ses années parisiennes dans son studio atelier de la rue Rousselet dans le XVe arrondissement. Des années marquées principalement par la solitude et l'ennui. Il a dû laisser derrière lui ses trois enfants. Le Québec lui manque. Il regrette d'avoir quitté New-York pour Paris qui le déçoit.

Le succès tarde à venir tant son oeuvre est exigeante. Mis à part quelques proches, il vit presque en réclusion. Il fera quelques escapades à travers l'Europe au volant de sa petite Simca, qu'il conduit très vite. Il faut dire qu'il vit assez modestement, contrairement à Riopelle qui mène grand train à Paris à cette époque, roulant en Bugatti.

Épuisé, fatigué, Borduas meurt d'un infarctus  à Paris le 22 février 1960.

Il avait tout juste 55 ans.

27-03-2022

Hélène de Billy / RIOPELLE

Hélène de Billy / Riopelle

Hélène de Billy / Riopelle

La roue (Riopelle) 1955

La roue (Riopelle) 1955

Riopelle, le flamboyant

Cette biographie de Riopelle, parue en 1996, retrace le parcours du célèbre peintre depuis son enfance avenue  De Lorimier à Montréal jusqu'à sa retraite à l'île aux Grues au milieu des années 90.

Entre temps, Riopelle aura été de l'aventure du Refus Global, et de la naissance des Automatistes. Sont évoquées ses relations en dents de scie avec son maître Paul-Émile Borduas.

La période parisienne, la consécration internationale avec la série les Mosaïques, sa relation tumultueuse avec la peintre américaine Joan Mitchell occupent, et pour cause, une part importante de l'ouvrage.

Jean-Paul Riopelle était un être flamboyant. Il aimait les femmes. Il aimait les voitures sport. Il aimait la bonne chère et le bon vin. Et il en a largement profité durant ses années en France.

Il n'en était pas moins nostalgique du Québec pour autant. Il aimait le hockey - il était un grand admirateur du Rocket, Maurice Richard - , il aimait la chasse et la pêche. Riopelle incarnait  à la fois le mondain urbain et l'homme des bois.

La biographie se termine en 1995; Riopelle  vit à l'île aux grues, près de Montmagny. C'est là qu'il produira son ultime chef-d'oeuvre, l'Hommage à Rosa Luxembourg.

Il finira sa vie amer et diminué par la maladie arborant un look de plus en plus hirsute. On a qu'à regarder l'entrevue avec Robert-Guy Scully en mai 1993 à Radio-Canada pour s'en convaincre.

Riopelle est mort en 2002.

En 2023, on soulignera son centième anniversaire de naissance.

Une biographie très bien documentée qui éclaire à la fois sur son parcours artistique et personnel.

25-03-2022

Derniers commentaires

02.11 | 01:39

Je crois que j'aurais pu partager quelques lignes de tes paragraphe.

Belle œuvre. Bravo!

28.06 | 13:29

28.06 | 02:04

Riche idée

Début costaud pour 2022.Moi,j’ai débuté plus léger.J’ai bien aimé La menthe et le cumin ,récit réconfortant de souvenirs sur la cuisine familiale de ses parents immigrants de Pascale Navarro

19.01 | 22:56

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